Histoire d'Eredane

Il y a fort longtemps, les dieux combattirent l'un des leurs, Izrador, le mal incarné. Ne pouvant le tuer, ils le bannirent sur Aryth, un monde isolé. Izrador, affaibli, utilisa ses dernières forces magiques pour créer autour de ce monde un voile opaque empêchant quiconque d'accéder à son monde d'exil... ou d'en sortir. Ainsi débuta l'ère de l'Eclipse. Sur Aryth, de nouvelles races émergèrent, peuplant peu à peu tout le continent nommé Eredane. Les descendants des anciennes fées, tout d'abord : Elfes et Nains. Puis Gnomes, Halflings et enfin les Hommes, qui conquirent, en plusieurs vagues d'invasion, la quasi-totalité du continent, au détriment des peuples fées.
Affaibli et sans corps, Izrador s'était retiré dans les glaces et le froid des Terres du Nord d'Eredane. Là, il sommeilla pendant des millénaires, recouvrant lentement ses forces, ruminant sa vengeance.
Par trois fois le Dieu Sombre se leva et emmena les nations d'Eredane à la guerre.
A la fin du Premier Âge, une armée d'elfes, de nains et de Dorns, menée par Aradil, la Reine Sorcière, affronta les hordes d'Izrador, et les vainquit dans la plaine d'Eris Aman. Ce fut la Bataille des Trois Royaumes.
À la fin du Deuxième Âge, les grandes races s'unirent à nouveau pour repousser les armées d'Izrador dans la Bataille du Long Rempart qui vit s'affronter les plus grands dragons d'Eredane. Les deux camps sortirent exsangues, brisés, de cette deuxième guerre.
À la fin du Troisième Âge, quatre des plus grands héros d'Eredane furent corrompus par l'Ombre. Ces nouveaux serviteurs du Dieu Sombre, les Seigneurs des Ténèbres, menèrent les troupes d'Izrador sur tous les fronts.
Et cette fois, le Dieu Sombre l'emporta.

Un siècle s'est écoulé depuis la victoire de l'Ombre.
Les anciennes races sont désormais pourchassées sans relâche et exterminées. L'antique forêt d'Erethor, à l'ouest, est devenue un îlot de lumière dans un océan de ténèbres, et les Elfes continuent d'y mener leur bataille éternelle contre les hordes d'orques, d'ogres, de trolls et de gobelins qui les assiègent. Les clans Nains survivants se sont retranchés dans leurs forteresses souterraines de l'est, et les couloirs de ces fières cités sont devenus des lieux d'affrontements sanglants avec les troupes des Seigneurs des Ténèbres.
Pendant que cette guerre désespérée fait rage sur les terres ancestrales des fées, le royaume des Hommes est dirigé d'une main de fer par les serviteurs de l'Ombre. Nombre de cités sont tombées en ruines, et la plupart des gens vivent dans des villes, derrière des remparts, tirant le verrou de leur porte chaque soir, tant ils craignent l'obscurité. Toute forme de Magie est proscrite sous peine de mort, et la possession de livres ou de parchemins est passible d'esclavage. L'ignorance se répand comme la peste.

1 DA, fin du printemps. L'aube de la guerre de l'Ombre contre les fées.

Quelques arcs après la chute du royaume d'Eren, l'armée de Jahzir commença à se rassembler au sud. Pendant ce temps, un flot ininterrompu d'orques continuait de descendre du nord, certains se dispersant pour signifier à la population humaine et halfeline leurs devoirs, un message scellé dans le feu et l'acier, rappelant qu'ils appartenaient désormais à l'Ombre, à jamais. Les autres colonnes d'orques, elles, allèrent renforcer les rangs de l'armée victorieuse mais meurtrie.

Regroupant au moins 200.000 guerriers, la horde descendit sur la cité d'Eisin. Les elfes avaient prévue cette attaque et savaient que cette cité sans remparts et éloignée de la forêt allait rapidement tomber malgré leurs efforts. Ils remontèrent la rivière sur des barques et des canots à fond plat, profitant de la lumière du jour. Des rivages, les villages ereniens les virent et poussèrent des cris d'alarme, car les sages et puissants elfes qui avaient vécu des milliers d'années à Eisin les abandonnaient. Les mères supplièrent les elfes d'emporter avec eux leurs enfants et de les mettre en sécurité, loin des orques. Hommes, femmes et enfants se jetèrent à l'eau, nagèrent en direction des barques et essayèrent de s'y hisser. Les elfes, honteux, les en empêchèrent.

Eisin ne fut dès lors protégée que par une garnison squelettique de 150 guerriers elfes, qui fut immédiatement mise à mal par des bandits et des opportunistes ayant profité du départ des elfes pour pénétrer en ville. Quand Jahzir posa le pied avec son armée dans les cours verdoyantes des maisons d'Eisin, 2.000 humains et halfelins étaient déjà en train de piller les lieux. Ils furent massacrés comme des animaux, tout comme les derniers guerriers elfes, après un dernier baroud d'honneur sur la place centrale. Ce carnage n'assouvit pas pour autant la soif de sang des orques, et seule la discipline de fer imposée par Jahzir empêcha les orques de s'entre-tuer. Ils se dirigèrent ensuite vers la forêt. Là, des assassins-rôdeurs ereniens et des cavaliers wogrens halfelins attendaient sur les flancs, mais l'armée de l'Ombre était immense et protégée par des dragons, des géants, des trolls et des légats martiaux qui se montrèrent tous supérieurs en force à leurs opposants. Les pertes dans les forces de l'Ombre furent peu nombreuses, par rapport à celles de leurs assaillants.

Début de l'été jusqu'à la fin de l'automne.

La première année du Dernier Âge fut la dernière pendant laquelle on put encore observer dans les airs les papillons cara-nira. Ces magnifiques insectes, dont la couleur va du magenta à l'orange vif en passant par le vert iridescent et le bleu saphir, étaient de la taille d'une colombe. Tous réunis, ils migrèrent depuis la source de la Felthera jusqu'aux confins de la forêt, où ils virevoltèrent parmi les fleurs de la plaine. Quand l'armée de l'Ombre atteignit le sud d'Erethor, une génération entière de ces belles créatures avait déjà péri à cause des fumées maléfiques des feux orques, utilisées par les forgerons ou pour la cuisson du halfelin grillé.

Comme à Eisin, l'armée de Jahzir ne rencontra pas de forte résistance. Le seigneur des armées comprit que les manoeuvres de retraite et de fuite des elfes les menaient tout droit dans une embuscade. Mais il était trop tard, les orques et les humains étaient déjà trop profondément empêtrés dans la forêt, prêts à en découdre avec les elfes, et victimes des illusions du Bois aux Murmures. L'armée était divisée en plusieurs groupes qui pensaient tous être en sécurité, mais finirent par se perdre finalement dans les sous-bois et le brouillard. 50.000 soldats de l'Ombre moururent au cours des deux saisons de cette campagne militaire mal préparée, succombant aux flèches, aux sorts mortels et aux poignards habiles des elfes. Jahzir n'eut pas le temps de rétablir la contact avec tous ses guerriers et ne put organiser qu'une retraite hasardeuse en direction des plaines.

Le premier échec de Jahzir contre la Caraheen était tout simplement son premier échec en tant que commandant. Il s'était jeté au combat trop vite, et trop tôt, motivé par ses récentes victoires sur les royaumes des humains. Sa force conquérante fut repoussée par des défenseurs elfes insaisissables, même si la bataille a pourtant eut un coût pour les elfes. Leur maîtrise des techniques de guérilla et l'aide de la forêt leur permirent de minimiser les pertes, mais les plus puissants héros elfes succombèrent en affrontant les créatures les plus viles et les plus dangereuses de l'Ombre : les dragons, les démons et les monstres. Une de ces batailles opposa Anuthrol, un arcaniste erunsil, au démon Vashuror. Bien retranché au milieu d'un bosquet d'arbres-foyers, Anuthrol dirigeait ses flammes et ses éclairs magiques sur Vashuror, pour le tenir en respect, jusqu'à ce que les avatars de la reine en viennent à bout. Le général Bassiera combattit deux dragons dans le ciel, au-dessus des combats, et il en mutila un avant d'être finalement dévoré. Aujourd'hui, les elfes évoquent encore le défi d'Anuthrol quand quelqu'un oppose à un adversaire une ultime résistance pouvant le mener à la mort ou à des dégâts considérables. De même, le nom de Bassiera est utilisé pour bénir les flèches et les lames des épées, dans l'espoir qu'elles traverseront les armures, naturelles ou non, des maléfique serviteurs de l'Ombre.

13 DA, milieu de l'automne. Jouer avec le feu.

Plus des trois quarts de l'armée massive de l'Ombre établie à Eisin fut victime de flammes dues à la formidable explosion d'un convoi rempli de soufre. Cette explosion fut suivie d'un grand feu qui se propagea jusqu'à la lisière de la forêt. De nombreux officiers orques suggérèrent qu'elle était l'oeuvre d'un sabotage orchestré par les halfelins ou les gnomes, mais d'autres prétendirent que c'était la magie des elfes qui servit de détonateur à la déflagration. Quelle qu'en fut la cause réelle, Jahzir n'apprécia pas la destruction de toutes ces ressources, et interdit pour un temps la fabrication d'armes à poudre.

15-20 DA. Les années de la bête.

Ces années marquent la fin de la période d'attente qui suivit la chute de l'Eren. Jahzir avait reconstruit son armée, renforcé ses positions, pendant que les autres Seigneurs des Ténèbres continuaient chacun d'échafauder leurs propres plans. Les orques n'avaient rien d'autre à faire qu'à oppresser un peuple déjà brisé, se laissant parfois aller aux plaisirs de la chair. A partir de 15 DA, les cités en ruine commencèrent à être abondamment peuplées par des orques nés dans l'Eren central et méridional.

35 DA, milieu de l'hiver. L'holocauste de Nealyngard.

Faisant face à l'opposition organisée et constante des archers et des magiciens elfes, une petite légion d'orques remonta la rivière Felthera sur de larges embarcations, protégées par des toits et des auvents de cuir et de fer. Ces orques étaient dirigés par un vétéran de la bataille du foyer d'Erdin, et formaient la légion des Preneurs-de-vie, composée de 7.500 des meilleurs soldats de l'armée de Jahzir. Leur cible? Nealyngard, une forteresse bâtie à 600km en remontant la rivière depuis la lisière de la forêt, monumentale arche de bois vivant, au sommet de laquelle avait été élevée une tourelle de pierre. La forteresse était la première ligne de défense des elfes contre les assauts remontant le fleuve en direction du coeur de la Caraheen. Même s'il fallait encore compter en aval avec la puissante citadelles des Cataractes, Nealyngard était déjà capable de retenir la flotte de l'Ombre, grâce à sa herse enchantée. Prendre et détruire cette forteresse était donc l'inévitable première phase du plan de Jahzir, qui prévoyait ensuite de remonter la Felthera jusqu'à la capitale de la Reine Sorcière.

Les Preneurs-de-vie débarquèrent à quelques kilomètres de Nealyngard et suivirent une voie parsemée de pièges, d'animaux sanguinaires et d'unités elfiques, jusqu'à ce qu'ils parviennent finalement à prendre contrôle des deux côtés de l'arche de bois. Malgré cela, les défenseurs elfes étaient confiants en leur capacité à tenir la forteresse, et ils savaient que pour les atteindre, les orques devaient marcher de longues heures le long d'un chemin étroit, où ils seraient vulnérables, notamment au vent enchanté qui les projetterait dans l'eau en contrebas. Jahzir avait étudié le chemin grâce à ses dons de scrutation et à ses éclaireurs volants. Il avait décidé que la meilleure façon de prendre la forteresse était l'utilisation d'une puissante sorcellerie. Le chef chaman des Preneurs-de-vie emportant un puissant orbe magique appelé "Sphère de l'holocauste", fabriqué par le Sorcier de l'Ombre, qui permettrait de remporter le siège de Nealyngard. L'arche de bois était protégée contre le feu naturel et le feu magique, mais la sphère contenait une flamme préservée depuis des temps immémoriaux, provenant du coeur du plus vieil élémentaire de feu d'Aryth, avant qu'il ne soit consumé par son propre pouvoir.

Un petit groupe de soldats et de magiciens d'élite s'approchèrent de Nealyngard tandis que le reste des Preneurs-de-vie se retirèrent à quelques kilomètres de distance, espérant qu'ils se trouveraient hors d'atteinte du pouvoir de l'orbe. Quand la Sphère de l'holocauste fut libérée, elle généra une vague de chaleur consumant littéralement le groupe d'élite et mettant le feu à la forêt, à plusieurs kilomètres à la ronde. Les flammes invisibles de la sphère liquéfièrent la riche, réduisant les elfes en cendres et s'attaquant à l'arche de bois vivant. La forteresse s'effondra bientôt dans la rivière, pendant que le feu se répandait aux alentours à une vitesse prodigieuse. Les flammes se transformèrent en une tornade de destruction qui emportant plus de 10 kilomètres carrés de forêt, décimant par la même occasion toute la légion des Preneurs-de-vie.

Nealyngard était totalement détruite, mais Jahzir n'était pas réellement satisfait du résultat. Il venait de perdre l'une de ses meilleures troupes de guerre dans la tempête de flammes, et, pire, des éclats de la Sphère de l'holocauste étaient tombés dans la rivière, qui entra en ébullition pendant deux ans, ce qui empêcha toute embarcation de remonter la rivière, et donna une chance aux elfes de renforcer leurs défenses. Cette première tentative consistant à utiliser le feu comme arme stratégique fut coûteuse pour l'armée de l'Ombre, et elle découragea Jahzir qui ne la réutilisa pas au cours des années suivantes. Il y eut aussi des rumeurs disant que le Sorcier de l'Ombre avait sciemment donné à Jahzir cette arme à double tranchant, et qu'il avait rit en observant le demi-échec de cette ataque.

38 DA, fin du printemps. La chute de Kassundaja.

Le temple-forteresse de Kassundaja se trouvait au sommet d'un haut bloc de pierre ocre, dans la jungle d'Aruun, et servait de retraite aux Danisils qui étudiaient là les secrets de l'astrologie, découverte par la culture sarcosienne. Kassundaja était la demeure de 500 érudits, auxquels il fallait ajouter les femmes et les enfants. La forteresse accueillait aussi une académie de protecteurs et de guerriers qui apprenaient une version à mains nues des techniques de duel danisils au sepi. Cette place forte était l'un des rares endroits abritant une communauté elfe que les dragons et les animaux volants astiraxes pouvaient apercevoir depuis le ciel. Cela faisait donc longtemps qu'elle était observée et qu'elle faisait partie des cibles potentielles en Aruun.

Au début de la 38ème année du Dernier Âge, plusieurs milliers d'orques, accompagnés par les soldats de la Tribu de la Matrone Crochue montés sur des boros de guerre, et par une compagnie d'ogres ouvriers, descendirent sur la jungle entourant Kassundaja et commencèrent à creuser le sol. La forteresse en pierre ne correspondait pas aux constructions habituelles des Danisils, en ce sens qu'elle ne bénéficiait d'aucune issue, d'aucun lierre permettant de fuir, et les seules voies d'accès étaient des escaliers taillés à même la pierre de la falaise. Les elfes étaient bel et bien faits comme des rats, mais, heureusement, ils avaient suffisamment de réserves de nourriture et bénéficiaient d'une agriculture naturelle et magique capable de soutenir un siège.

Alors que l'année touchait à sa fin, les forces de l'Ombre commencèrent à souffrir des conditions de vie extrêmes de la jugnel d'Aruun, et notamment des insectes venimeux et des reptiles qui fourmillent de jour comme de nuit. Les remèdes contre les poisons vinrent donc s'ajouter aux stocks de matériel. LA chaleur et l'humidité devinrent de plus en plus intense au cours de l'année, comme si une étrange magie prolongeait l'automne. De plus, de petits groupes d'elfes de la jungle venaient harceler les camps constamment, les chasseurs de démons vétérans apprenant peu à peu à chasser de l'orque. Face à tant de difficultés, beaucoup auraient abandonné, mais c'était sans compter sur l'endurance te l'entêtement des orques. Grâce à leur haine pour les fées, ils réussirent à surmonter toutes les épreuves de l'Aruun, les maladies, les tentatives d'assassinats et la fatigue. Les légats humains apprirent rapidement à utiliser leur magie pour purifier l'eau, la nourriture, et les surfaces sur lesquelles ils s'appuyaient, marchaient ou dormaient. Ceux qui ne mouraient pas dune mort violent voyaient leur visage se déformer, devenir violet, avant de mourir d'une lente agonie sur le sol marécageux du campement.

Ce fut aussi une époque difficile pour les elfes. LA nourriture vint à manquer, malgré toutes les précautions, et les orques attaquaient de plus en plus fréquemment, avec de plus en plus de force, aidés par des créatures lourdement équipées. Les Danisils réalisèrent qu'ils seraient submergés au prochain assaut, car il n'y avzit plus assez de guerriers, et ceux qui restaient étaient désormais trop affaiblis.

Une nuit, les orques escaladèrent le bloc de pierre et se jetèrent sur Kassundaja, mais ils trouvèrent la forteresse sans défense. Les rues étaient remplies de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants, qui semblaient s'être suicidés. Soulagés par leur victoire, les orques se ruèrent immédiatement sur les corps pour s'en nourrir et festoyer. Pendant qu'ils prenaient ce repas sanglant, les orques commencèrent à être pris de maux de ventre et les légats réalisèrent rapidement qu'ils avaient été empoisonnés. Les Danisils avaient ingéré du yenthril, une substance particulièrement virulente, récupérée sur les racines des arbres, avec laquelle ils s'étaient suicidés. Les orques s'écroulèrent un à un, les légats ne pouvant multiplier leurs bénédictions pour les sauver tous. En quelques heures, les humains, qui 'navaient évidemment pas pris part au terrible festin, s'écroulèrent à leur tour. Car ce qu'ils ne savaient pas, c'est que le yenthril accélère la décomposition des cors, ayant ensuite pour effet de décupler les risques de fièvres tropicales. Les humains furent victimes d'une épidémie mortelle qui n'épargna qu'une personne sur dix. Les rescapés fuirent, avant d'être terrassés par des elfes de la jungle venus venger leurs frères. Kassundaja est désormais un endroit hanté par les Affamés et les démons, un endroit qui, pour les elfes, est un exemple tragique de ce qu'ils espèrent ne plus jamais avoir à faire, confrontés à une situation désespérée.

57 DA, début de l'automne. Création des Coureurs de Pieds-Cendre.

Pendant que les orques s'aventuraient de plus en plus profondément dans la forêt d'Erethor, Jahzir cherchait de nouveaux moyens, plus rapides, pour communiquer ses ordres à ses commandants, de plus en plus éloignés sur le front de la guerre. Il eut une idée et choisit une bande d'esclaves halfelins pour en faire une troupe de messagers. Pour s'assurer de les voir revenir sans qu'ils aient auparavant offert leurs informations aux elfes, il demanda qu'on retint plusieurs membres de leurs familles en otage. Des centaines de halfelins furent ainsi recrutés pour former les Coureurs de Pieds-Cendre. Pour éviter d'être dévorés vivants par la horde d'orques qu'ils avaient à traverser, ils portaient tous un bandeau orné d'un pied noir, sur leur front et à leur bras. Les messagers de l'Ombre devinrent très efficaces, grâce à un entraînement destiné à améliorer leurs performances et leur endurance sur de longues distances, ainsi qu'à leur instinct naturel pour la survie, qui leur permettent de rester en vie dans les conditions les plus difficiles.

L'utilisation des Coureurs de Pieds-Cendre eut des conséquences inattendues. Par exemple, il devint plus facile pour les halfelins de la résistance de se déplacer dans les portions de la forêt occupées par l'Ombre. En portant les fameux bandeaux et brassards des Coureurs et avec un peu de bagout, ils parvenaient à franchir les campements les mieux gardés.

60 DA, milieu de l'été. L'Arc de cendre-maudite.

Au nord-ouest du marais maléfique d'Eris Aman, une troupe d'orques alluma un grand feu pour ajouter de la confusion à la terreur de leur attaque sur un camp elfe de la Veradeen. Ils espéraient que le vent transporte les flammes et la fumée dans la direction du camp, mais les flammes parvinrent jusqu'à un bosquet recouvert de grands blocs de neige et ne purent aller plus loin. Le feu se retourna alors et brûla les troupes de l'Ombre qui s'enfuirent dans les bois. Un millier d'orques mourut dans le brasier, en plus des deux milles autres orques et gobelins qui périrent dans les embuscades des elfes. Plus de 1200km2 de pins noirs furent réduits en cendres, et pendant plus d'un mois, les feux repartaient sans cesse, à partir de cendres encore chaudes, semant la panique dans tous les environs.

72 DA, début de l'automne. Après l'Holocauste.

Les orques mirent le feu à plusieurs kilomètres carrés de forêt en bas de la rivière, depuis la cité d'Eisin. Les veilleurs elfes, privés d'abri et de moyen de subsistance, durent interrompre leurs attaques pendant toute une saison. Très heureux de ce résultat pour tout dire inespéré, les orques en profitèrent pour s'organiser et faire venir des cargaisons de matériel, sans essuyer les embuscades des elfes. Les campements et les garnisons d'Eisin se développèrent sensiblement pendant cette période de calme relatif.

74 DA, fin de l'été. Le siège de flammes.

Avant d'assiéger un village arboricole, une troupe de guerre d'Eisin utilisa des trébuchets pour lancer des torches enflammées dans les feuillages secs de la forêt, à l'arrière des fortifications. Encerclés par un rideau de flammes, les elfes durent abandonner leur village et furent massacrés, privés de leurs techniques de défense habituelles (embuscades, pièges). Une centaine d'elfes fut tuée, pour moins d'une dizaine d'orques.

75 DA, début du printemps. Le grondement des collines.

Alors que les gobelins et les orques sortaient de leurs refuges hivernaux et s'apprêtaient à prendre la voie du sud, les Erunsils, qui avaient passé l'hiver dans le froid terrible des plus hauts sommets de la Veradeen, libérèrent la colère des montagnes sur leurs ennemis. Des explosions d'énergie eldritch, placées là où les accumulations de neige étaient les moins résistantes, déclenchèrent des avalanches le long des montagnes. Le grondement de plus sieurs tonnes de neige envahit la plaine, tuant des milliers d'orques et de gobelins, et bloquant le passage pendant plusieurs mois.

91 DA, milieu de l'été. L'arrivée de Grial le Tueur de fées.

Dans les profondeurs de la forêt, à l'ouest d'Althorin, une compagnie elfe s'approcha de deux armées orques en guerre l'une contre l'autre. Après les avoir observées, le commandant elfe décida d'attaquer, pour bénéficier de l'avantage procuré par ce conflit interne, et les exterminer tous. A peine les elfes avaient-ils surgit de leur cachette que le commandant orque donna son ordre, et les elfes virent avec horreur les deux armées se regrouper en une force unique, disciplinée et prête au combat. Les orques se jetèrent sur les guerriers elfes, qu'ils tuèrent par centaines. Grial le Tueur de fées venait d'arriver et il était prêt à accepter un nouveau poste de commandement, pour le plus grand plaisir de Jahzir.

93 DA, fin de l'hiver. Le plan de l'Ombre.

L'année touchait à sa fin. Un guerrier elfe appelé Mellisen fut capturé peu après le solstice d'hiver. Il succomba finalement aux tortures qui lui furent infligées par les Tortureurs, et, à travers ses lèvres ensanglantées, il parla de son devoir, la défense du berceau de pouvoir de Lea'tian. Les légats venaient d'apprendre qu'Aradil était en train d'y enchanter un puissant artefact, un miroir blanc, destiné à empêcher l'ensemble des miroirs noirs de drainer la force vitale d'Aryth.

Avec l'aval de Sunulael, les légats livrèrent cette information à Grial et lui ordonnèrent de prendre possession de Lea'tian et d'interrompre le rituel. Dérangé dans ses plans de conquête, le général n'eut tout de même pas d'autre choix que d'obéir, et commença à élaborer une stratégie. Au milieu de l'hiver, des troupes se déplacèrent en nombre vers le berceau de pouvoir, utilisant les mêmes tactiques de guérilla que les elfes. Cet événement, obligea les elfes à rassembler une armée au nord, et bientôt, la région entière fut le théâtre d'incessantes escarmouches entre les deux forces. Les commandants elfes étaient nerveux, car des espions leur avaient dit que le Tueur de fées lui-même orchestrait cette campagne de guerre. Ils ne pouvaient s'empêcher de penser que le plan de Grial était en fait d'occuper la région pour mieux l'envahir par un autre endroit. Alors que la fin de l'année approchait à grands pas, les elfes aperçurent une petite troupe d'orques avancer subitement droit sur eux. Pensant que le piège de Grial se refermait, les elfes fuirent sans plus d'explication, laissant les armées du général orques prendre possession des lieux et repousser tous les elfes.

94 DA, début du printemps. La destruction du miroir blanc.

Les paris de Grial furent payants. En effet, pendant que les forces elfes étaient maintenues à distance de la zone occupée, une horde d'ogres, de trolls et d'orques submergèrent le berceau sacré. Les moines et les guerriers elfes du temple combattirent désespérément, mais furent massacrés jusqu'au dernier. Au milieu du chaos, les légats envoyèrent leurs astiraxes dans les profondeurs du berceau de pouvoir, pour en finir avec les derniers moines encore en plein rituel. Le miroir blanc était à moitié fabriqué quand il fut détruit par l'Ombre, qui en récupéra ensuite tous les débris, avant de les envoyer à Theros Obsidia, ou dans le grand nord. Après cet échec, Aradil sombra dans une période de torpeur qui dura six mois, et qui priva les elfes de ses indispensables conseils et de ses pouvoirs.

99 DA. Début de notre campagne.

Sous le commandement de Grial, la ligne de front a avancé de plusieurs centaines de kilomètres à l'intérieur de la forêt en 10 ans, autant que pendant les 90 années précédentes. Les empreintes de bottes orques marquent le sol couvert de cendres sur tout le périmètre envahit par l'Ombre. Plus rien n'y pousse, et les seuls bosquets encore présents sont ceux sur lesquels ont été crucifiés les elfes, les humains et les orques condamnés pour couardise. La plupart de ces victimes sont devenues des Affamés, et leurs plaintes résonnent sinistrement au-dessus du chant des orques en patrouille. Les zones qui ont été envahies récemment ont été moins affectées par les sorts de destruction. Elles sont jonchées de troncs d'arbres abattus et de remparts occupés, signe de l'efficacité des stratégies de Grial le Tueur de fées, et de la vitesse de ses conquêtes, qui ne s'encombrent pas d'actes de sauvagerie inutiles.

Grial le Tueur de fées dirige la plus grande armée de l'histoire d'Eredane, une force destructrice composée de plus de 250.000 guerriers. Pour contrôler son armée, Grial l'a divisée en quatre parties, chacune destinée à l'un de ses quatre lieutenants. Au nord, dans les forêts marécageuses du Gamaril, il a exilé Belark Coeur-Noir et son armée, après son échec au siège de la forteresse carinsil Trois-Chênes. Au sud de Belark, essayant de traverser la dense forêt de la Marche Verdoyante, on trouve l'armée de Fraag le Sanglier. Les deux armées les plus indispensables et les plus loyales envers Grial sont responsables des affrontements les plus sauvages, le long de la rivière Felthera et dans le paysage dévasté de la Ligne de Feu. L'armée de Kiah Hache-Enflammée se charge des combats au nord de la rivière, tandis que celle de Jorg le Parricide s'occupe des terres plus au sud, où les Plaines de Cendres et de Sang jouxtent le Bois Obscurci. Grial garde auprès de lui une force composée de 10.000 guerriers expérimentés et loyaux pour assurer sa sécurité.

100 DA, Arc de Zimra (été).

Un vent froid s'engouffre dans les taudis sordides de la cité qu'on appelait Hautemuraille, soulevant la poussière, les débris éteignant les quelques feux des esclaves misérables. Le vent hurle au pied de la tour noire, et même les orques cherchent un endroit où se réfugier. Alors que le vent monte en spirale autour de la tour, le dragon Zardrix prend son envol et rugit en guise de salut. Près du sommet de la tour, dans une pièce aussi noire que l'ébène, trois silhouettes posent le genou à terre, attendant l'arrivée de leur maître. Le bruit du vent est intenable au moment où il traverse la fenêtre de la pièce. D'abord parcouru par le maelström hurlant, la pièce devient subitement froide et silencieuse. Une présence noire et immensément puissante y est entrée.

Un murmure, drapé de malice, semble venir des quatre coins de la chambre. Pourquoi échouez-vous? Pourquoi les fées sont elles encore vivantes? Avec tous les pouvoirs que je vous ai donnés, les fées devraient toutes êtres enchaînées. Elles doivent se plier à ma volonté ou mourir, le temps de l'attente est terminé.

Il n'y a aucune réponse. Les trois silhouettes restent immobiles, têtes basses, comme si elles attendaient la hache du bourreau.

- Rassemblez mes élus, les orques et les oruks. Rassemblez mes plus grands fidèles pour qu'ils servent leur maître, et relâchez des creusets ceux qui ont reçu mes dons. Élevez une armée qui balaiera les fées une bonne fois pour toute. Ma restauration est presque accomplie, mais votre heure approche. Prouvez-moi votre valeur ou je trouverai d'autres que vous pour accomplir cette tâche.

Le froid disparaît, et l'on entend rugir un vent lointain. Zardrix grogne encore et retourne sur son perchoir préféré. Près du sommet de la tour, les trois seigneurs noirs se relèvent, et sans mot dire, reprennent chacun leur route. Ils ont leurs ordres.

100 DA, Arcs d'Hanud, Hisha et Sutara (Hiver).

A l'Est

Dans les terres de reproduction du Nord, la Matrone Furieuse en appelle à ses alliés pour lever des troupes fraîches en vue de l'assaut final sur Calador.Les monts du Mur de Glace sont vidés de leurs guerriers, hormis quelques vétérans ayant déjà vu trop d'hivers, laissés en arrière pour protéger les gardiennes et les plus anciennes des kurasatch udareens. Dans un mouvement massif et sans précédent dans l'histoire du peuple orque, les jeunes femmes-mères et celles qui n'ont pas encore enfanté marchent auprès de leurs soldats, séparément mais ne les quittant pas des yeux. Elles ont prédit qu'était venu le temps de la fin de toutes choses, et les kurasatch udareens vont pour prêter main forte aux guerriers qu'elles ont engendrés. A travers toutes les Marches du Nord, les tribus ayant répondu à l'appel aux armes convergent vers la rivière Ishensa, avec pour but final Borderen.

Sur les rives sud de la Pellurie, 3.000 orques sont envoyés en renfort à la garnison de Kardoling. L'arce précédent, les Kurguns et leurs alliés ont tendu des embuscades à trois convois de ravitaillement orques. Désormais plus nombreux, les orques ont doublé leurs gardes et annoncé que pour chaque chariot que les Kurguns détruiront, un village local sera rasé. Vers le Nord-Est, des patrouilles lourdement armées sont envoyées de Basroc sous les montagnes. Leur mission est de rechercher tout clan nain encore non découvert et susceptible de gêner l'avancée de la force principale vers Calador, ainsi que de dresser des cartes des itinéraires possibles pour cette force. Ils sont environ un millier.


A l'Ouest

Au milieu des terribles tempêtes de grêle et des rafales de vent terriblement froides, les tribus orques se dirigent vers le sud et l'est pour rejoindre les armées de Jahzir. Les terres du nord se vident rapidement, et les guerriers viennent grossir le rang des armées. Dans les Montagnes Cornues, les géants, les ogres et d'innombrables gobelinoïdes se rassemblent au nord des ruines de Bandilrin, et dans les territoires plus chauds, le Tueur de Fées planifie l'arrivée de ces nouvelles armées.

Des espions Erunsils du passage d'Eamon, au nord de Bandilrin, rapportent qu'une grande armée se déplace vers le sud, sur tout l'horizon. De hautes silhouettes marchent parmi les hordes et des milliers de worgs poussent des hurlements sauvages. A l'ouest de Cale, la cité hantée par les démons, les villages elfes sont attaqués sans logique précise par des petites troupes orques. Au départ de la rivière Ishensa, les armées de Jahzir commencent à se déplacer, emmenant avec eux de vastes troupeaux de boros. Des caravanes de provisions et de matériel en provenance de Bastion et de Port Esben rejoignent la rivière, et à travers Eredane, les légats prêchent auprès des fidèles que le temps du rassemblement est venu, la bataille finale contre les fées va commencer. Des milliers de Dorns, d'Ereniens et de cavaliers Sarcosiens accueillent ce prêche et se dirigent vers Cambrial et les bidonvilles d'Eisin.

Quelque part en Erethor, non loin du Marécage du Druide...

Une lueur pâle et argentée se lève au-dessus du marais lugubre, sur ses eaux boueuses parsemées ça et là de quelques terres émergées, couvertes de sycomores et de saules pleureurs. Sur un de ces îlots, six fées se tiennent dos à dos, épée en main. A leurs pieds, des corps en putréfaction, recouverts d'un manteau de mousse et de vase. L'un des Danisils tire un morceau de tissu de sa ceinture et essuie la lame de son sepi avec précaution.

- Il semblerait que ce soit le dernier d'entre eux. Quelqu'un est-il blessé?

Un des Carinsils met un genou à terre, se tenant les côtes, en respirant bruyamment. C'est à travers ses dents serrées qu'il répond à son chef. Un d'entre eux m'a touché avec ses griffes. Sa blessure ne devrait pas me faire tant souffrir.

Le Danisil commence à laver la plaie. Etal, je peux interrompre les saignements, mais nous ne pouvons risquer une infection. Nous devons te ramener à quelqu'un qui pourra réellement prendre soin de toi.

Un autre Carinsil s'agenouille et pose gentiment sa main sur son épaule. Je peux le ramener, Helem, comme ça vous pourrez continuer la patrouille.

- Non, Aolin. Les tresses sombres et sales d'Helem laissent échapper des gouttes d'eau tandis qu'il secoue la tête. C'est le troisième groupe de maelgrals que nous combattons ces deux derniers jours. Je pense que nous avons suffisamment d'informations. Les Affamés sont de plus en plus nombreux ici, à mesure que nous nous dirigeons vers le sud-est. Quelle qu'en soit la cause, tout cela semble provenir du fond du marécage. Nous devons ramener Etal et garder unies toutes nos lames.

De la fumée s'échappait des chandeliers disposés dans la pièce. Leurs flammeroles diffusaient d'épaisses volutes dans une lumière orangée, étirant les ombres sur la grande table et la silhouette qui se tenait au-dessus, plongée dans une introspection studieuse. Sur la table, de grandes cartes tracées à l'encre noire et usées par des années d'utilisation occupaient l'attention de l'homme. Il était grand et hideux, et n'avait d'ailleurs rien d'humain. La créature était un monstre issu d'un sombre cauchemar, et son visage bestial était marqué du sceau de la cruauté et de la sauvagerie. Quand une autre créature similaire pénétra dans la pièce, son regard se mit à pétiller, signe d'une intelligence certaine et d'un esprit aussi froid que calculateur, libéré des entraves de sa nature bestiale.

- Des nouvelles? La voix de Grial, sèche et affutée, était un instrument précis, directif, et forgé, tout comme son esprit, par la même main et la même enclume.

Lorsque son chef se mit à parler, l'oruk tressaillit involontairement et baissa les yeux, impuissant. En dépit de sa nature profonde, la peur de croiser le regard froid du chef était trop grande.

- La Hache Enflammée continue ses lentes avancées sur la ligne de front, seigneur.

Grial acquiesça d'un infime signe de tête.

- Et Jorg?
- Le Parricide mon seigneur? Il... Il enrage de voir son armée profiter à l'Exempté. Il a donc retiré ses troupes de Trois-Chênes.

L'expression du visage de Grial ne changea pas, mais l'air sembla se refroidir soudain, sans que ses yeux ne laissent transparaître quoi que ce soit.

- Est-ce que l'envoyé du Parricide est encore ici, Luk?

La silhouette imposante acquiesça. Oui, mon seigneur.

- Très bien. Comme Jorg ne sait probablement pas lire, envoie lui un message qu'il saura comprendre. Grial s'interrompit une fraction de seconde, suffisante cependant pour que résonne un battement de coeur. Envoie-lui la tête de son émissaire, avec mes sincères salutations... Ses ordres sont de continuer à harceler la forteresse des Carinsils. Il va soutenir Kulos, quelles que soient les allégeances de l'Exempté à la tour noire. Je veux que Trois-Chênes soit détruite avant l'arc de Semnach.

A la suite de ce discours inhabituellement long, Grial le Tueur de fées retourna à ses cartes.

Le capitaine oruk, pourtant congédié, hésita. Sa nervosité grandissante se mariait très mal avec son impressionnante morphologie. Grial ne leva pas les yeux du Gamaril, marqué sur ses cartes par un large trait noir scindant en deux la masse insondable qui l'entourait, nommée "forêt".

- Qu'y a-t-il, guerrier? Tu as bien compris mes ordres?

- Oui seigneur. C'est juste que... notre espion est revenu de la Veradeen, mon seigneur.

Le général leva les yeux de ses cartes, attendant que son serviteur continue de parler.

- Il a rapporté des nouvelles de la Matrone Conquérante, seigneur. Le guerrier avala douloureusement sa salive. Ils prévoient d'attaquer Pointe d'Argent.

Le visage de Grial fut traversé par une ébauche d'émotion, sombre, remplie de haine, héritage inflexible de son peuple. Très bien, dit-il, fais le entrer.

D'un geste vague de la main, Grial renvoya l'oruk et retourna à ses cartes complexes, dans la pièce sombre. Sa colère s'était déjà transformée en une contemplation agitée, quand il parla à voix haute. Quelle folie guide les pas d'Hulgrut? Ardherin se cache-t-il derrière tout cela? Même le puissant Grial ressentait un soupçon de terreur en évoquant le nom du sorcier de l'Ombre. J'ai bien peur de ne pas comprendre. Quelle toile tisse la Malédiction des démons d'Erethor à cet endroit?

101 DA, Arc de Shareel (Printemps).

A l'Est

La plupart des troupes de guerre arrivent à Gasterfang au tout début du printemps, où ils abattent des troupeaux entiers de boros et de caribous pour fournir la viande nécessaire à leur long voyage vers Borderen. Les troupes de plus de 40 tribus se regroupent dans le territoire de la Matrone Sanglante avant de se diriger vers le sud. Vers la fin de l'arc, des grondements inquiétants secouent l'ouest du Mur de Glace alors qu'un volcan depuis longtemps endormi se met à cracher de la fumée et des cendres. Bien qu'étant ressentis loin dans les Kaladrunes, les tremblements ne ralentissent pas l'assaut sur Calador. Le combat y est sanglant mais vain, la Matrone Furieuse ne parvenant pas à trouver une faille dans les défenses naines. Au sud, les patrouilles de Basroc tombent sur une route lourdement fortifiée vers Calador et perdent plus de 200 guerriers dans un premier assaut futile.

En Eren Méridional, les orques de Drumlen capturent les avant-postes nains de la Passe des Aigles et débutent la construction de forts pour soutenir le début de l'offensive estivale. Les raids des Kurguns contre les convois de ravitaillement continuent, et les orques incendient le village de Durstan. Les habitants, dont beaucoup étaient Dwarrows, sont brûlés vifs.


A l'Ouest

Depuis le sommet de Pointe d'Argent, les Erunsils observent la masse impressionnante des orques et des gobelinoïdes qui, comme une nuée de rats, marchent vers la tour. Les géants transportent de grosses balistes et de grosses catapultes. Les Erunsils scellent leurs portes, affûtent leurs armes et préparent leurs chants funèbres. A la tombée de la nuit, Pointe d'Argent est assiégée. Les catapultes projettent de gros rochers sur les murs d'enceinte, et on entend leurs échos sur la paroi, faisant échos aux cris de milliers d'arbres abattus. A l'aube, des échelles sont acheminées par les armées bien alignées, accueillies par des volées de flèches. La bataille fait rage, et les fées n'ont pas de répit, car les orques attaquent la tour par vagues successives, sans jamais s'arrêter.

Dans le nord de la Caraheen, les attaques mystérieuses continuent. Les villages isolés et leurs tours de garde subissent de lourdes pertes, mais les orques ne viennent pas prendre position, semblant plutôt chercher autre chose. Le Murmure, faible dans cette zone inhabitée, n'apporte que peu d'aide aux populations locales et, au grand dam des Carinsils, des fées sont capturées par des orques. Les villages situés près du front sont ensuite abandonnés, et le peu de guerriers qui ont été épargnés sont envoyés renforcer les patrouilles qui sillonnent le nord.

101 DA, Arc de Dorsharam (Plantations).

A l'Est

Les Plaines de Glace déversent leurs dernières troupes de guerre, résultant d'une mobilisation systématique de chaque terrier. Les renforts de la Matrone Furieuse marchent vers le sud à travers le Mur de Glace. Les quelques clans nains subsistants regardent impuissants déferler la marée noire en direction du sud et de Calador. Avec ses renforts à moins d'un arc de distance, le corps principal de la Matrone Furieuse renouvelle ses assauts sur les défenses extérieures de Caldor. Les Nains repoussent les attaques, mais les pertes sont nombreuses dans les deux camps.

A Borderen, la compétition pour le commandement de l'armée du sud est terminée. Jahzir a choisi Ubrakh, seigneur de guerre de la tribu de la Matrone Brûlée, pour mener l'assaut sur les clans Kurguns et sur Bodrun. Gaalak de la tribu des Lances Noires, disgracié et avec une cage thoracique enfoncée après son duel avec Ferak, est choisi comme second par Jahzir dans l'attaque sur Calador depuis le sud. L'armée se divise en deux groupes d'environ 100.000 individus chacun, l'un prenant la direction de Drumlen sur des barges sur la rivière, l'autre marchant au nord-est vers Basroc.


A l'Ouest

Le siège d'Aigeathir continue. Au 40ème jour, les orques sont obligés d'escalader les montagnes de cadavres qui jonchent le sol. La tour s'est fissurée sous leurs assauts et le grand hall est prêt à tomber.

Citation :

Les Géants ont construit de puissantes machines de guerre grâce à l'aide du clan nain du Sang Noir. Pointe d'Argent se tient là, fière dague dressée vers le ciel, prête à attaquer l'Ombre du Nord. Dans les nuages, Zardrix, le dragon corrompu, virevolte dans le ciel étoilé. Le froid de l'hiver n'atteint pas Zardrix, car dans ses entrailles brûle une fournaise. Au moment où elle amorce sa descente sur Pointe d'Argent, les Géants, les Orques et les Griffons Noirs du Nord viennent en percuter les murailles.
Les murs de Pointe d'Argent, construits par les Nains, résistent au premier assaut des attaquants, malgré l'intervention du dragon qui lacère le bois et l'acier de la porte avec sa queue. La contre-attaque des Elfes des Neiges ne se fait pas attendre. Utilisant des passages souterrains, ils surgissent de nulle part en embuscade, tandis que Zardrix souffle ses flammes infernales dans la forteresse par une meurtrière de la muraille.
Ce souffle ardent suit les courbes complexes des escaliers et des corridors de la forteresse, comme un animal vivant. Il cherche les Elfes importants, ceux qui donnent les ordres de défense, et consume leurs yeux et leur crâne. Le feu se transforme en une tornade infernale qui fait fondre le marbre. Loin de là, Ardherin le sorcier de l'Ombre, observe la scène à la surface de son bassin fétide de scrutation. Il sourit, heureux de voir son enchantement fonctionner si bien sur le souffle de Zardrix.
L'embuscade souterraine contre l'armée de l'Ombre s'achève et meurt, attendant vainement qu'une puissante charge vienne la soutenir. Les Erunsils sont massacrés. Certains ont tout juste le temps d'apercevoir la porte de la forteresse s'effondrer sous les assauts des Géants.

Les énergies arcaniques déferlent à travers Pointe d'Argent, alors que les Fées utilisent leurs ultimes instants pour tenter de détruire la forteresse et les Orques qui en parcourent les couloirs. Après la chute de la tour pour laquelle ils vouaient une haine terrible, les Orques et les gobelinoïdes continuent vers le sud, pour détruire les dernières forteresses Erunsils.

Citation :

Le dernier vieux Nain habitant Pointe d'Argent est capturé et torturé par les Seigneurs des Ténèbres pour qu'il révèle à ses cousins, les traîtres du clan du Sang Noir, tout son savoir. La forteresse est occupée par les Géants qui en font leur capitale et qu'ils renomment Pointe de l'Ombre.
Peu de temps après, les forteresses isolées le long de la Veradeen tombent une à une, incapables de résister sans l'aide habituelle de Pointe d'Argent. Les Erunsils deviennent un peuple nomade, et tous ceux qui ne fuient pas vers Caradul sont tués, jusqu'au dernier.

Au sud de l'Eren, les éclaireurs attentifs de la cité de Borderen aperçoivent de gros nuages de poussière à l'Est : l'avant garde de l'armée de Jahzir arrive. Des troupeaux entiers de boros, de chevaux sauvages et de chèvres sont rassemblés à côté de la cité pour subvenir aux besoins de l'armée et lui permettre de continuer d'avancer en direction d'Eisin. Comme des nuées de sauterelles, l'armée consomme toutes les vivres produites par la région, et les champs fraîchement plantés sont complètement détruits par les dizaines de milliers de bottes cloutées.

Dans le nord de la Caraheen, les raids des orques s'intensifient en fréquence et en taille. Les orques semblent savoir où le Murmure est le plus faible et utilisent cette connaissance pour frapper au coeur de la Caraheen. Les patrouilles carinsils et leurs alliés tuent des centaines d'Orques ; ceux-ci semblent chercher à emmener leurs prisonniers hors de la forêt. De plus en plus de villages sont attaqués, et le lieu sacré de Liatholian est détruit. Trois adeptes du Murmure sont portés disparus depuis cette attaque.

101 DA, Arc de Sahaad (Fin du Printemps).

A l'Est

Dans un coup dévastateur pour les Nains, le clan Mahan tombe après un siège de trois ans. La perte de la forteresse du clan ouvre la route sud vers Calador, menaçant les passages sécurisés du ravitaillement vers la cité assiégée. Les têtes des défenseurs Mahan sont transportées par des astirax possédant des corbeaux profondément en les murs de Calador et laissées dans des recoins, sur des étagères ou sous des lits pour qu'elles pourrissent, à la fois un avertissement de ce qui est à venir et l'affirmation que l'Ombre peut entrer dans les demeures naines quand Elle le souhaite. L'armée de la Matrone Furieuse, récemment renforcée, étend son siège à l'ouest de Calador, forçant les Nains à se redéployer et à affaiblir encore leurs défenses déjà dangereusement clairsemées.

Les succès du nord ne se retrouvent pas dans le sud. Les gnomes sabotent et abandonnent les transports de troupes orques sur la rivière, tandis que les alliés humains des Kurguns provoquent des feux de broussailles pour faire fuir les troupeaux de boros et retarder les Orques une fois qu'ils ont quitté leurs barges et pris la route de l'est vers Drumlen. Le retard pris dans le déplacement de l'armée à Drumlen a donné aux Nains plus de temps pour fortifier leurs positions. Pendant ce temps, les Kurguns des contreforts ont détruit leurs fermes ainsi que celles de leurs voisins humains, ont abattu ou fait fuir les troupeaux nécessaires à nourrir la garnison de Drumlen. En représailles, Ubrakh envoei l'avant-garde de son armée dans la Passe des Aigles pour tenter de repousser les Kurguns vers le sud. Les Kurguns ont eu des mois pour se préparer et ne cèdent du terrain que lentement, infligeant de lourdes pertes aux Orques. A la fin de l'arc, les Orques n'ont avancé que d'une quinzaine de kilomètres et n'ont toujours pas éradiqué les troupes de guérilla kurguns présentes au nord de la passe. Alors que le gros de l'armée d'Ubrakh arrive, les Nains du sud se rallient tous sous la bannière du dor du clan Gorand et font mouvement vers le nord pour aller à la rencontre des Orques.


A l'Ouest

Lors de la destruction de Pointe d'Argent et des défenses nord des Erunsils, 50.000 Orques, gobelinoïdes et fées sont venus grossir les rangs des Affamés, qui hantent désormais le champ de bataille en meutes. Les ruines de Pointe d'Argent sont devenues leur terrain de chasse, les Orques et les fées encore vivants sont leurs proies favorites. Plus au sud, les combats sont devenus chaotiques, mais les Orques continuent leur progression vers le sud de la Veradeen.

Sur les rivages de l'Ardune, l'armée reçoit ses ordres. Plus de 40.000 Orques prennent la route de Cambrial pour rejoindre l'armée de Kulos l'Exempté, pendant que d'autres vont combattre dans la Marche Verdoyante, au nord. Presque 50.000 Orques marchent sur Eisin où ils pourront attendre les ordres de leur chef, Grial, le Tueur de fées.

A Cambrial, les légats de l'Ordre de l'Ombre, dirigés par Sunulael, le Seigneur des Ténèbres, encerclent la nécropole, et des centaines de légats chantent et prient, tandis que de noires énergies magiques dansent au dessus des tombeaux. Les habitations de la cité se mettent à trembler, jusqu'à ce que la nécropole entière explose dans un nuage de pierre et de poussière. Quand celui-ci retombe enfin, une armée de morts est prête à servir le dieu sombre.

Le long de la Caraheen, le combat fait rage, depuis la Marche Verdoyante jusqu'au Marécage du Druide. Sur les rivages nord de la Felthera, les Carinsils détruisent une escouade d'Orques dirigée par un démon. Plus au nord, les nouvelles ne sont pas bonnes pour les fées. La Route de flammes a rejoint le front des combats, et le puissant Maugrim lance l'assaut. Une attaque carinsil sur Maugrim est aisément repoussée, pendant que la bête répand ses flammes autour des défenses elfiques.

Une lune pâle et argentée dispensait une lumière blafarde sur le sol rocailleux, et des bruits métalliques d'armes qu'on martèle résonnent dans la nuit. Au loin, on aperçoit à peine des murailles de terre. Des centaines, ou peut-être des milliers de silhouettes menaçantes se déplacent le long du mur. Plus près, les larges contours des forteresses surplombant le fleuve se dressent dans la nuit. Alors que les nuages se dissipent, quatre silhouettes se font plus distinctes, chacune portant un regard plein de haine en direction de la forteresse. Les quatre silhouettes, un oruk massif et trois gros orques, portent toutes le même symbole sur leur armure : un poing serré. L'oruk observe la zone et s'assure qu'ils sont bien seuls pour pouvoir parler.

- Belark est faible et il nous demande de nous battre comme si nous étions nous aussi des faibles. Il nous a fait construire des murs et jeter des rochers dans le fleuve, pour quel résultat? Pour empêcher les fées d'attaquer! Belark gâche notre force. Il sait que Grial le tuera s'il échoue à nouveau, voilà pourquoi il règne ici, effrayé à l'idée d'une offensive. Si j'étais commandant, je massacrerais les fées et pénétrerais dans le bois maudit. Sur mon passage, je dévasterais les villages et ferais des festins avec la chair fraîche des elfes.

L'oruk laissa échapper un grognement guttural. Il cracha vers la forteresse avant de parler. Il se tapit dans cette forteresse, protégé par sa légion, pendant qu'il nous envoie tous à la mort. Gerack parlait trop et maintenant, il repose, mort, au milieu des arbres maudits. Une seule troupe de guerre n'est pas suffisante, mais si Gerack était parti avec vingt troupes de guerre et sa légion, il aurait déjà entaillé sévèrement les défenses des fées. Nous, nous mourrons pour rien!

Comme l'oruk marquait une pause, l'un des orques s'adressa à lui. Nous ne sommes pas assez forts pour agir directement contre lui. La moitié de nos troupes de guerre viennent du nord. Ce sont des novices et on dirait qu'ils sont tous alliés à sa tribu. Dans les troupes de guerre qui restent, trop d'orques attendent que vous vous entretuiez avec Belark. Nos frères du sud disent que les rois sombres ont lancé une grande offensive contre les fées, avec l'aide d'une gigantesque armée. Belark va devoir déplacer ses pions, et quand il le fera, nous le laisserons recueillir les bénéfices de son premier assaut. Mais une fois que les fées l'auront affaibli, nous en profiterons.

L'oruk grogna en signe d'assentiment, cracha à nouveau en direction de la forteresse, et se retira à la faveur de l'obscurité.

101 DA, Arc de Sennach (arc des batailles).

A l'Est

L'étau se resserre sur Calador alors que l'armée orque du sud, sous le commandement de Jahzir, continue à progresser vers le nord, détruisant les fortifications naines. En désespoir de cause, les Nains effondrent les derniers tunnels en direction du sud et de l'ouest afin de ralentir l'avancée orque. A l'instar du Roi d'Ombre lui-même, cependant, les forces qu'il dirige sont lentes mais implacables. Au nord, la Matrone Furieuse renforcent leurs assauts tout le long des lignes naines avec des troupes fraîches venues des Plaines de Glace. Les cris des mourants, le craquement des incendies et le bruit roulant des armes de siège tractées résonnent dans les cavernes.

Toute les forces de l'armée de la Matrone Brûlée viennent frapper les Kurguns dans la Passe des Aigles et les clans nains alliés sous les montagnes. Le dragon Arynix dirige l'assaut contre les Kurguns, brisant la roche et transformant les portions boisées de la passe en véritable enfer. Les Kurguns doivent faire retraite, non sans laisser derrière eux près de 4.000 orques morts dans la passe noyée de fumée. Sous les montagnes, les Orques gagnent un peu de terrain. Lorsqu'ils parviennent enfin à passer les barricades et les pièges, c'est pour constater que les Nains ont abandonné la plupart de leurs forteresses au nord de la Main Blanche.


A l'Ouest

Les Orques et leurs alliés ont ravagé le nord de la Plus Froide des Forêts. De larges travées sont visibles dans la forêt, les arbres y ont été abattus, brûlés, massacrés, et le sol a été empoisonné. Les tribus orques et gobelinoïdes détruisent tout sur leur passage, tandis qu'ils se rapprochent encore et toujours du coeur de la forêt. Prenant avantage de ce désordre, les Erunsils stoppent leur retraite et retournent au combat, tuant des milliers d'Orques isolés dans le bois.

Sur les rivages brumeux du Gamaril, Belark Coeur-Noir survit à une attaque matinale de la tribu du Poing Serré. Des centaines d'Orques meurent à l'intérieur de la forteresse des Crocs du fleuve tandis que Belark parvient à maintenir le contrôle sur son armée. Plus au sud, dans la Marche Verdoyante, des combats ont lieu autour du Visage du Géant, tandis que des esclaves sont obligés de mettre le feu aux villages de réfugiés des collines de l'est.

L'armée de Kulos l'Exempté est rejointe par un torrent ininterrompu de maelgrals en provenance des profondeurs boueuses du Marécage du Druide. Des jours plus tard, son armée, forte de 80.000 Orques, démons, mercenaires, légats et morts-vivants part à l'assaut de Trois-Chênes, défendue par l'avatar de la Reine-Sorcière Trevalin et 3.000 guerriers. Tous les arbres et toutes les plantes de la forêt attaquent alors les envahisseurs, tuant et démembrant des milliers d'entre eux. Les maelgrals se jettent sur les défenseurs elfes, au pied des puissants chênes, mais leurs assauts sont contenus. Kulos n'obtiendra pas la victoire rapide qu'il espérait.

Grial en profite alors pour déplacer 50.000 Orques vers la ligne de feu, dans l'intention de soutenir Kiah Hache-Enflammée, et d'ouvrir une brèche dans les défenses des Fées. Zardrix et deux autres dragons moins puissants se joignent à l'offensive, brûlant de nombreux hectares de forêt. Dans cette bataille infernale, les Carinsils parviennent à abattre un des dragons et à blesser sérieusement le second, ce qui rend Zardrix folle de rage. Elle crache alors des flammes dans toutes les directions : des centaines d'orques périssent, immolés par son souffle meurtrier.

Tout commence avec un rire. C'est le rire de ceux qui n'ont jamais connu l'étreinte de l'Ombre, le rire de ceux qui n'ont jamais vu les orques détruire leur village, le rire de ceux qui n'ont jamais vécu la justice imposée par les légats. C'est le rire de ceux qui appellent la Miraleen leur maison, le rire des Miransils.

C'est le seul peuple d'Eredane qui peut choisir d'échapper aux destructions apportées par la guerre contre l'Ombre, et passer une vie entière sans connaître la peur.

Ils ne savent pas qu'Izrador a rencontré Kaaktu et lui a demandé de répandre la peur chez les Miransils. Le dieu unique lui a fait écouter leurs rires et lui a montré comme ils se moquaient du reste d'Eredane et du reste du monde. Kaaktu a alors présenté à son seigneur et dieu tous les cadavres et tous les corps noyés, alignés comme des poupées, de ceux qu'il a enserrés dans ses noires tentacules jusqu'à ce qu'ils ne respirent plus.

Cela n'était pas suffisant.

"Si tu désires une place dans mon paradis, si tu veux une place à côté de mon trône, tu dois me montrer ton pouvoir. Il n'y a pas de place pour les faibles dans mon royaume, et les rires des Miransils sont une épine plantée dans mon coeur."

Izrador laisse Kaaktu seul, avec ses poupées noyées et pâles, dévorées par les mâchoires salées des eaux. Kaaktu regarde ce qu'il a accompli : pour chaque Miransil emporté avant son heure, une tragédie, et pourtant, il n'entend plus que les rires qui résonnent dans la baie au-dessus de lui.

Les tentacules de Kaaktu sont immenses. Grâce à eux, il atteint les fonds cristallins, alors qu'il se trouve lui-même dans les profondeurs des eaux les plus noires. Ils atteignent la surface, là où la mer et le ciel se rencontrent et créent un horizon infini. Ses bras vont déjà loin, mais il faut qu'ils aillent plus loin encore. Utilisant la colère provoquée par les rires des elfes des mers, il étend encore ses bras, jusqu'à pouvoir toucher le ciel et agripper les nuages.

Une fois qu'il a assuré son étreinte sur le nuage,, il déverse son encre noire dans le ciel, transformant le nuage en un présage noir, sinistre et haineux, et devant cela, même son noble frère Baalu ne peut rien faire.

La tempête frappe les Miransils comme un marteau s'abat sur une enclume. Les éclairs détruisent les maisons, et la mer qu'ils aiment frappe leurs navires, tandis que les vents qui ont toujours guidé leurs voiles balaient les dernières constructions encore debout. Quand la rage de Kaaktu s'interrompt, tous les Miransils pleurent, envoyant au fond de l'eau leurs cadavres attachés à de lourdes pierres de mer. Ils se frappent la poitrine et grincent des dents.

Quand le temps de pleurer les morts est terminé, les meilleurs guerriers construisent de nouveaux bateaux. Kaaktu, fatigué par ses efforts, les regarde fabriquer de nouvelles lances et de nouvelles rames ; il les regarde hisser leurs voiles et construire de nouvelles cloches de plongée.

Quand ils partent chasser Kaaktu, celui-ci est encore trop faible pour combattre. Les meilleurs plongeurs l'encerclent dans son antre, nageant au dessus de leurs semblables, noyés, et frappent le démon des mers jusqu'à ce que ses tentacules ne puissent plus bouger.

Utilisant sa chair, ils fabriquent des navires magiques, et avec ses puissantes mâchoires, ils fabriquent des milliers de javelots aiguisés. Ses yeux servent d'artefacts de scrutation et les flèches d'innombrables guerriers carinsils sont enduites de son sang.

101 DA, Arc de Halial (milieu de l'été).

A l'Est

Les deux clans nains faisant office de gardiens du sud de Calador parviennent à condamner la route vers Basroc, au sud, avec des glissements de terrains et des effondrements de tunnels, empêchant ainsi les armées de Jahzir et de la Matrone Furieuse de fusionner. Ce répit temporaire au sud permet aux nains de renforcer les défenses du nord et de l'ouest, mais signifie également que la dernière voie pour quitter Calador est fermée. Alors que les orques maintiennent une pression constante sur les fortifications naines, les batailles principales se déroulent dans les mines humides situées sous Calador, où les sapeurs gobelins tentent de passer par dessous les barricades naines. Incapables de bloquer tous les tunnels gobelins, les ingénieurs nains dérivent une partie de la rivière souterraine passant à travers Calador vers les salles basses de la ville, noyant d’innombrables gobelins et dressant une barrière d'eau sous les défenses de la cité.

Dans les Kaladrunes du sud, les batailles font rage à la fois au-dessus et en dessous de la surface. Bolart, le Dor du Clan Gorand, écrase deux troupes orques qu'il a pu écarter de l'armée principale. Arynix est la seule chose qui permet encore aux orques d'avancer, et même avec l'aide du dragon, ils meurent en masse. Pour l'heure les orques ont perdu 20% de leurs effectifs, alors que les nains du sud déplorent moins de 5% de pertes. Cependant, Arynix reste invaincu. Les nains doivent reculer partout où le dragon se rend. Ne souhaitant pas pousser sa chance, Bolart emmène son armée vers de nouvelles positions défensives plus au sud.


A l'Ouest

L'est de la Caraheen est couvert de sang et de flammes, alors que des milliers de personnes meurent chaque jour dans les combats. Trois-Chênes est jonchée de cadavres, appartenant aux deux camps, mais les fées essayent désespérément de garder leurs fortifications au sud. Non loin, les armées de Grial attaquent sur toute la longueur du front. Les avancées les plus remarquables ont lieu le long de la ligne de feu, où plus de 100.000 orques armés de haches suivent le Maugrim et sa route de flammes. La Marche Verdoyante est couverte de corps, notamment de worgs et de loups sanguinaires. Les ours combattent aux côtés de leurs alliés, les réfugiés humains et les fées, pour endiguer les avancées des orques.

Au coeur de l'été, les fées profitent enfin d'un certain répit : les nuages orageux en provenance de l'Océan Sans Fin sont arrivés et font tomber une pluie miraculeuse sur le champ de bataille. Trois jours de chutes d'eau torrentielles interrompent les combats, et marquent la fin des feux. Un puissant vent du nord balaie bientôt les nuages , sans pouvoir toutefois éloigner les précipitations attendues par les fées exténuées.

101 DA, Arc de Zimra (récoltes).

A l'Est

Une faille est finalement trouvée dans les défenses nord de Calador. Vague après vague, les orques prennent d'assaut les lignes naines, qui cèdent après pratiquement huit jours de combats ininterrompus. Les nains allument des tranchées emplies de poix pour couvrir leur retraite et se replier sur de nouvelles lignes défensives. Des troupes de guerre fraîches sont envoyées en percussion contre ces nouvelles lignes pour créer un passage vers la cité naine.

Dans la Passe des Aigles, les défenses naines continuent à céder du terrain sous les assauts quasi-incessants d'Arynix. Afin de gagner suffisamment de temps pour se regrouper et bâtir de nouvelles positions de combat, les maraudeurs kurguns piègent les pentes montagneuses, détruisant les routes et ensevelissant des centaines d'orques et des douzaines de nains courageux ayant délibérément choisi de se sacrifier. Avec le retrait des kurguns, l'armée naine souterraine doit céder du terrain pour éviter de se retrouver séparée de la surface. Le seigneur de guerre orque Ubrakh, commandant l'armée orque du sud, doit ralentir son offensive pour rassembler ses troupes détruites. Les garnisons de Kardoling et de Drumlen sont vidées de moitié pour aider à combler les pertes de l'armée.


A l'Ouest

La Plus Froide des Forêts est dévastée. L'insaisissable forteresse de Pointe d'Argent est enfin brisée, et une demi-douzaine d'autres vieilles forteresses tombent avec elle. Le nombre de morts, composé majoritairement d'orques et de gobelinoïdes mais aussi d'elfes, est bouleversant. L'armée de la tribu de la Matrone Conquérante a elle aussi été dévastée, après d'innombrables assauts suicidaires sur Pointe d'Argent. Tandis que les survivants remontent vers le nord, les Affamés dévorent un clan de géants et tous les rescapés qui étaient encore présents. Ce qui devait être un moment de fête et de pillage pour l'Ombre devient un brutal combat pour la survie. Des feux se mettent à briller dans toute la partie nord de la Veradeen, car les orques aussi sont obligés de brûler leurs morts.

Sur le Gamaril, Belark Coeur-Noir est assassiné par ses troupes, fatiguées de ses hésitations craintives, qui rejoignent ensuite leurs frères le long de la rivière. Les deux forces, combinées, s'enfoncent sur des kilomètres dans le brouillard et les marais, jusqu'à ce que les eaux de la rivière n'entrent en crue et ne leur coupe toute retraite. La légion, sans aucun soutien, ne survit que quatre jours. Les orques perdent 5000 guerriers, mais les elfes sont trop sollicités pour pouvoir profiter de l'aubaine et les repousser entièrement du delta.

Moins d'une semaine après les pluies torrentielles, la Caraheen est de nouveau la proie des flammes. Des vagues d'orques déferlent encore et encore sur les défenses des Carinsils. Tous les êtres vivants de la forêt s'en prennent aux orques, dont le flot incessant ne peut être ralenti. Dans les derniers jours de l'arc, les Adeptes du Murmure hurlent, et même les plus insensibles peuvent ressentir la douleur de la forêt avant qu'elle ne devienne silencieuse, et qu'elle ne cesse complètement ses assauts contre les élus d'Izrador. Sans l'aide de la forêt, les fées sont obligées de battre en retraite et seules des actions héroïques leur permettent de ne pas connaître la déroute. Au nord de la Caraheen, des rapports font état de fées s'en prenant aux arbres.

Dans le Bois Obscurci, l'armée de Kulos frappe à coups redoublés sur les défenses de Trois-Chênes. Des dizaines de milliers d'orques et de mercenaires humains sont tués. Les légats encore vivants se rassemblent à la lisière du champ de bataille et accomplissent un puissant rituel. Ils libèrent les âmes des soldats morts jonchant le sol, faisant entrer les derniers orques dans une rage folle. Trois-Chênes est finalement défaite, et des centaines de fées sont tuées pendant l'assaut final.

101 DA, Arc d'Obares (fin de l'automne).

A l'Est

Le début de l'automne est marqué par l'extermination totale de deux clans nains ; les défenseurs au sud de Calador sont finalement écrasés par les Lances Noires. Seules les grandes portes se dressent désormais entre Calador et l'armée des Lances Noires. Alors que la Matrone Furieuse est saignée à blanc, les Lances Noires festoient sur les restes des nains. Pour ouvrir un passage entre les deux armées orques, des hordes de gobelins sont envoyés restaurer des kilomètres de tunnels effondrés.

La guerre au sud se passe assez mal pour les orques. La Passe des Aigles reste bloquée, et les mois d'hiver approchant vont rendre les combats impossibles à cette altitude. Sachant que le temps lui est compté, Ubrakh vide les villages humains des plaines et des contreforts au sud de la Forêt de Barren et les envoie nettoyer la Passe. Dans le même temps, le seigneur de guerre tente d'amener les nains dans une bataille décisive sous la montagne. S'il na parvient pas à passer à la surface, il est déterminé à se frayer un chemin dessous. Cependant, les tunnels sont trop étroits pour qu'Arynix puisse aider les orques. Bolart saisit l'opportunité de montrer la vraie force de son armée. Ubrakh lui-même et à peu près un cinquième de l'armée qui lui reste se retrouvent coupés de toute aide et pourchassés. La bataillon d'Ubrakh fuit plus profondément dans les cavernes sous les montagnes, espérant trouver un endroit pour prendre du repos et soigner leurs plaies. Le reste de l'armée de la Matrone Brûlée s'extirpe des cavernes et, manquant d'un commandement fort, se soumettent à l'autorité des légats de Sunulael. Ces bestiaires et nécromanciens enferment des tas d'affamés et d'ombres dans les tunnels avec les nains, espérant qu'ils infligeront de lourdes pertes à l'ennemi pendant l'hiver.


A l'Ouest

Les orques de la tribu de la Matrone Conquérante se replient dans les Montagnes Cornues, mais, au nord, une nouvelle force prépare son arrivée. Les orques de la Matrone Blafarde se sont déplacés vers les Montagnes Cornues. Un conflit éclate alors pour le contrôle des montagnes. L'armée de la Matrone Conquérante, ravagée par les combats contre les Erunsils et les affamés, se retrouve éparpillée, tandis que les géants et les clans ogres viennent eux aussi réclamer leur part de territoires.

Dans la Caraheen, la Marche Verdoyante est abandonnée, alors que les fées combattent avec l'énergie du désespoir pour ralentir les orques. La forêt était restée silencieuse vingt jours durant, mais revient subitement à la vie pour prendre sa revanche. Plus de 8000 orques sont tués en une seule journée par la forêt. Les fées, affaiblies et écartelées pendant leur repli, ne peuvent réellement en profiter. Exténués, nombreux sont ceux qui périssent de fatigue. Quand le front se stabilise enfin, les armées de Grial ont parcouru presque 1500 kilomètres à l'intérieur de la Caraheen, et ont forcé les elfes à abandonner la Marche Verdoyante.

Au sud de la rivière Felthera, la chute de Trois-Chêne a découvert les flancs méridionaux des défenses elfiques, mais l'armée dévastée de Kulos ne peut en profiter. Le Bois Obscurci s'étend au nord, attaquant autant les fées que les orques. A la fin de l'arc, Kulos est rappelé à Cambrial et sacrifié par Sunulael pour son échec.

A Caradul, la Reine Sorcière tente de rassembler autour d'elle les dernières forces vives de son armée. La Veradeen a tenu bon, mais le prix à payer est élevé. Les Montagnes Cornues sont en proie à la guerre entre deux tribus orques. Avec de la chance, les Erunsils pourront peut-être rétablir de nouvelles lignes de défense. Le Gamaril demeure tel qu'il l'a toujours été, il est d'ailleurs le seul à ne pas avoir été bouleversé par les évènements de l'année qui vient de s'écouler. Au sud, la Caraheen est dévastée, les elfes ont perdu beaucoup et leurs nombreuses lignes de défense ont été endommagées. La reconstruction prendra du temps, un temps dont ils ne pourront vraisemblablement pas bénéficier. Leur dernier choix semble être une nouvelle retraite vers la Citadelle des Cataractes.

Dans la noirceur de Fachtendom, Grial débarrasse sa carte de nombreux pions. Il prend la pièce représentant Kulos et son armée, la brise puis la jette violemment sur le sol. Il réétudie son plan et repositionne ses forces, s'enquérant de nouvelles pièces et de nouvelles armées en provenance du nord. Les fées ont combattu vaillamment et il a du respect pour cela, mais ils ont perdu des pièces qu'ils ne pourront pas remplacer. Plus de 100.000 orques et gobelinoïdes sont morts, certes, mais d'autres arrivent, inlassablement.

A Cambrial, Sunulael envoie un messager à Theros Obsidia. Il a de nouveau perdu deux de ses plus précieux légats, qui ont été retrouvés morts, et la Cabale semble profiter de la situation pour reprendre le contrôle de la Tour. Le Seigneur des Ténèbres a perdu ses troupes les plus loyales et l'élite de ses légats-soldats, et son emprise sur Theros Obsidia est ébranlée par un conflit silencieux, fomenté depuis longtemps par l'Ordre de l'Ombre. Ce conflit pourrait très bien déboucher sur une véritable guerre ouverte.

Un rire sombre résonne au milieu des ruines de Bandilrin. L'attaque du Sorcier de l'Ombre contre le Murmure et contre Aradil a considérablement affaibli les fées, au moment où celles-ci en avaient le moins besoin. Sunulael a été humilié par l'échec de ses manœuvres grossières, et il doit désormais se battre pour retrouver son influence auprès d'Izrador et de l'Ordre de l'Ombre. Le Sorcier a maintenant de nombreux alliés dans la Cabale, et il compte bien s'en servir pour priver son rival de son pouvoir. Les Montagnes Cornues sont en plein chaos, ce qui devrait lui permettre de renforcer son contrôle sur les tribus du nord. Au sud, les armées de Jahzir, bien que victorieuses, ont été considérablement affaiblies. Il leur faudra du temps pour récupérer. Mais plus important encore, la Reine Sorcière a eu un aperçu de son pouvoir : elle a pratiquement été submergée par la corruption du Bois aux Murmures...

101 DA, Arc d'Hanud (arc des Morts).

A l'Est

Fidèle à son nom, l'arc voit augmenter le nombre de morts. La matrone Furieuse exploite les faiblesses des défenses nains et pénètrent dans l'enceinte extérieure de Calador. Mais la deuxième enceinte avait été scellée depuis des années, si bien que la zone se révéla un piège mortel pour les orcs. Des milliers moururent avant d'être contraints à la retraite. Même si cela signifie devoir partager les gains, le Matrone Furieuse décide de camper et d'attendre les Lances Noires avant d'aller de nouveau braver les grandes portes de Calador.

Loin sous la surface des Kaladrunes, Ubrakh fait la rencontre d'un Esprit Captif et passe un accord avec lui : il offre les âmes de son bataillon entier et demande à être mené en sureté. L'esprit accepte et commence à ramener Ubrakh vers ses troupes... en apparence, du moins. Pendant ce temps, Ubrakh absent, aucun chef de guerre n'est assez puissant pour prendre le commandement. Les légats de Sunulael, quel qu'est été leur but initial, ont disparu. L'armée commence à se fragmenter à cause des différences tribales. L'offensive méridionale a été un désastre pour l'Ombre.



101 DA, Arc d'Hisha (hiver).

A l'Est

Nonobstant leurs pertes énormes, la Matrone Furieuse et ses alliés ne relâchent pas l'étau sur Calador. En dehors de Calador, une autre menace s'est élevée, assassinant les mineurs gobelins et massacrant des patrouilles orcs bien armées. Certains murmurent que les darguuls se sont éveillés, et que la faim les tenaille. Jahzir, frustré par la lenteur de la progression des Lances Noires, prend avec lui quelques orcs et oruks et forme une avant-garde traçant une voie jusqu'aux murs méridionaux de Calador. Aucun de ceux qui s'opposent à eux ne pourront un jour raconter cette histoire...

C'est au beau milieu d'une tempête hivernale que la kurasatch udareen de la Matrone Osseuse arrive parmi l'armée orc du sud. Les chefs de guerre survivants de la Matrone Brûlée doivent mettre genoux en terre dans la neige et sont tués, puis transformés en non-morts et renvoyés à leurs troupes. Ils deviennent les Gor Yallin, les Fils de la Nuit, et sont sous l'autorité de la Matrone Osseuse.

Arynix, dont la rage est devenue incontrôlable et sans le soutien des orcs, attaquent les villages et réfugiés kurguns à l'est de la Main Blanche. Ses proies sont trop dispersées pour qu'il cause de réels dommages, mais la terreur qu'il inspire rappelle aux nains que leur combat est loin d'être terminé.



101 DA, Arc de Sutara (fin de l'hiver).

A l'Est

Le bref répit a été pour les nains de Calador une véritable bénédiction, leur permettant de renforcer leurs fortifications et de donner à leurs guerriers exténués la possibilité de se reposer et de reprendre des forces avant l'inévitable retour des assauts orcs. Ce retour a lieu dans les premiers jours de cet arc, quand Jahzir et son garde du corps arrive dans le camp de la Matrone Furieuse par un passage inconnu. Des centaines d'orcs, galvanisés par sa présence, s'élancent les boyaux menant vers la porte principale des niveaux inférieurs de Calador... et aucun n'en ressort. Jahzir lui-même y pénètre et doit combattre un terrible défenseur, un Esprit Captif lié par l'honneur à la défense de la cité. Trois jours plus tard, la voie est dégagée. Les orcs commencent à fondre sur le coeur de Calador, exterminant tous ce qu'ils voient. Les gobelins ré-ouvrent un passage vers le sud, permettant aux troupes des Lances Noires de renforcer la Matrone Furieuse.

A Drumlen, la kurasatch udareen ordonne aux Fils de la Nuit d'exécuter un bataillon entier qui a échoué à prendre un fortin nain. S'il certains doutaient encore de leur capacité à commander l'armée orc, c'est désormais terminé. Les nains combattront un ennemi bien plus compétent au printemps. Les chasses d'Arynix ne sont pas contrés par des héros ou des dragons cachés, mais par les gens du peuple et de braves chasseurs. Le dragon est dans un état critique, si ce n'est mortellement blessé, après être tombé dans un piège destiné à le tuer. Le prix à payer pour ce piège est un village kurgun entier, et ses habitants tout comme les maraudeurs kurguns et humains qui les menaient sont incinérés jusqu'au dernier. Leur morts ne sont pas vaines, cependant, car des douzaines de tirs de baliste, des centaines de lances et de flèches, et d'innombrables pierres et rochers pénètrent la peau épaisse du dragon. Des heures plus tard, des éclaireurs de Bolart arrivent sur place. Le dragon est parti, mais d'énormes flaques de son sang parsèment les lieux.