Personnalités du Val des Bois

Sébastien de Saint-Gilles, comte de Foix

Incontestablement l'un des hommes les plus puissants du Languedoc, son impressionnant château couronne un rocher surplombant la cité. Amoureux des arts, plus particulièrement de la poésie, il est connu pour lire des poèmes devant sa famille et ses amis. On dit qu'il est très talentueux...
Mais le plus grand des châteaux du comte, ainsi que la plupart de ses terres, se trouvent plus au nord, près de Toulouse, où il passe le plus clair de son temps. En réalité, en son absence, c'est l'évêque de Foix, monseigneur Guillet, qui dirige la ville par l'intermédiaire de ses chanoines.

Le baron Luc d'Uverre

Il possède de vastes terres, qu'il a gagnées voilà des années, alors qu'il était jeune et aventureux. Sa puissance et sa force n'ont pas décru depuis.
Bien qu'il ait pris beaucoup de poids et que sa crinière, autrefois brune, soit à présent presque blanche, sa vigueur est intacte. LEs projets de conquête de sa jeunesse se sont en majeure partie concrétisés, laissant la place à une farouche détermination de conserver ses acquis. Comme il s'est emparé de l'héritage laissé par un de ses frères et de certains domaines de ses cousins, il règne maintenant sur la plupart des terres comprises entre le manoir du seigneur Guifré et Foix, par l'intermédiaire des chevaliers qui lui prêtent allégeance - dont son frère survivant, Alain.
Le baron ne s'intéresse guère à lart ou au savoir, bien qu'il ne manque pas de goût. Il s'habille généralement de blanc et de rouge sombre rehaussés de broderies au fil d'or, les vastes salles de sa demeure sont ornées de tapisseries et l'on festoie chez lui dans de la vaisselle d'argent. Il est contraint de porter un bandeau, car il a autrefois perdu un oeil dans une escarmouche contre les hommes d'Alain.
D'aucuns prétendent que ce confort et ces frivolités ont amolli d'Uverre, qu'il a acheté son bel étalon blanc davantage à cause de son élégance que de sa force ou de sa rapidité.
Ses stratégies sont le plus souvent directes, peut-être parce que c'est l'action qui lui a permis de gagner ce qu'il possède aujourd'hui. Une fois seulement, il a dû s'abaisser à faire pénitence en public, pour obtenir le pardon de l'évêque et éviter l'excommunication, parce que ses hommes avaient "mal compris" ses ordres et sauvagement assassiné un prêtre. Cet incident a nui à sa réputation mais, en compensation, a impressionné ses ennemis.
Il tolère les cathares, aussi longtemps qu'il ne menacent ni sa puissance ni sa richesse, parce que sa femme les soutient.
Il assiste régulièrement à la messe et se confesse souvent. Son chapelain, frère Ruffe, est à son service depuis une décennie.

Isabel et Francesca d'Uverre

Isabel, l'épouse du baron, est la cousine du roi d'Aragon. C'est une femme réservée. Elle assiste, obéiassante, à la messe au côté de son mari, malgré sa sympathie pour l'hérésie cathare, et se montre une parfaite hôtesse envers ses invités, quels qu'ils soient.
La réserve d'Isable ne masque guère son arrogance, la rendant même plus frappante : elle est trop consciente de sa haute naissance pour s'intéresser réellement aux problèmes des classes inférieures (famine et pauvreté, par exemple).
Le seul enfant du couple a avoir survécu est une fille, Francesca, dont son père ne s'occupe que très peu. Elle est devenue aussi hautaine que sa mère et témoigne en outre d'une grande assurance. Son futur mari héritera sans doute des terres du baron.

Le seigneur Guifré

L'heureux mariage du seigneur Guifré a pris fin il y a cinq ans, lorsque son épouse chérie est morte en couches. Son enfant unique, Brian, est à présent écuyer au château d'Uverre.
Guifré consacre le plus clair de son temps à la chasse et aux dévotions. C'est un cathare convaincu et un homme simple, fier d'être associé à des gens assez croyants pour surmonter leurs faiblesses humaines. Il assure qu'il deviendrait volontiers Bon Chrétien, lui aussi, n'étaient ses obligations de suzerain et de chevalier. Mais bien sûr, il lui faudrait également renoncer à la chasse...

Pep, l'idiot de Javielle

Il y a de cela quelques années, Pep était un garçon tout à fait normal, en parfaite santé, destiné à hériter une bonne ferme de son père, à Piquer. Mais un jour, ses amis et lui ont voulu jouer les bravaches. Ils se sont enfoncés dans la forêt des Chênes Parlants et lui seul en est ressorti, grièvement blessé et complètement fou. Les villageois de Piquer l'ont chassé, le croyant possédé du démon et Pep a finalement échoué à Javielle. Son oreille droite, très abîmée, n'a jamais guéri, et il boîte toujours très bas.
Même à Javielle, il est un objet de crainte et de moquerie. Il passe son temps dans les rues, cassant les affaires des gens ou leur volant de la nourriture quand l'envie lui en prend. Au début, les mécontents le rossaient pour ces débordements, mais ces persécutions ont bien vite cessé, quand on s'est aperçu que les granges de ceux qui s'en rendaient coupables brûlaient mystérieusement ou que leurs moutons mouraient sans raison. Bien sûr, il était impossible de prouver que Pep était responsable de ces incidents, mais les villageois ont à présent trop peur du "mauvais oeil" de l'idiot pour l'empêcher de faire ce qu'il lui plait.
Pep, vêtu de loques et couverts de boue, erre à travers Javielle. Ses grands yeux écarquillés sont sans cesse en mouvement et sa mâchoire inférieure pend légèrement, révélant des dents peu nombreuses. Il est en général maussade et coléreux, mais déborde d'une joie enfantine sitôt qu'on lui fait le plus modeste des cadeaux, criant alors gaiement : "Agi, agi, agiflum!" - son expression favorite.

Le père Laurent, de Javielle

La petite église de pierre qui se dresse au centre de Javielle est en pleins travaux, après une décennie de négligence due à l'hostilité de Guifré envers le clergé romain. Il n'a jamais fourni pour la rénovation de la construction que le minimum de fonds et a exigé de ses serfs le moins de travail possible. Les choses ont changé avec l'arrivée dans le bourg d'un petit augustin énergique, le père Laurent, qui a rassemblé les plus pieux des paysans pour les faire participer aux aménagements et passe une bonne partie de son temps à enseigner à ses ouailles les bases du catholicisme romain.
LA dévotion du père Laurent est sans limites ni incertitudes. Qu'il pleuve ou qu'il vente, il dit la messe tous les dimanches et jours de fête, à midi, dans son église inachevée. Ses sermons attirent de plus en plus de gens du cru. Ensuite, il se rend au manoir des Guifré, pour supplier le chevalier de renoncer à ses errements.