Villes et villages du Val des Bois

Foix

Foix est, après Toulouse et Béziers, la ville la plus importante du Languedoc : elle compte 10.000 habitants, ce qui est loin d'être négligeable pour l'époque. Comme la plupart des cités du moyen-âge, elle est sale et étriquée. L'espace y étant limité par les murs d'enceinte, les maisons sont très hautes, étroites et collées les unes aux autres. Les ordures ménagères et les excréments sont jetés des fenêtres dans la rue - véritable égout à ciel ouvert. Pour éviter de patuager ou d'être éclaboussés par ce fumier, la plupart des gens marchent au-dessous des premiers étages en surplomb, enjambant les mendiants assis contre les murs.
Commerçants et artisans vendent leurs marchandises au rez-de-chaussée de leur demeure, qui est aussi leur atelier.
Incendie et maladie représentent les pires craintes de la population, surtout dans les quartiers pauvres, où les maisons de bois sont accolées les unes aux autres.
La plupart des juifs de Foix, vivant tous dans le même quartier, gagnent bien leur vie, grâce au commerce et à l'usure, que l'Eglise interdit aux chrétiens. Le plus riche des prêteurs, Aaron, paie comme tous ses coreligionnaires de lourdes taxes au comte. Ces gens n'ont quasiment aucun droit et sont en butte à la haine farouche des chrétiens qui les entourent, si bien qu'ils sont unis par une grande solidarité.

Que faire à Foix?
- La ville est un grand centre de travail du fer, et les marchands ou artisans locaux peuvent fournir en sus presque tout le matériel nécessaire. Isdre, par exemple, est un souffleur de verre renommé.
- L'herboristerie de Julian, située dans une des rues adjacentes à la place principale, est remplie de grandes boîtes pleines d'herbes pilées, de fioles de liquides brunâtres, ... Elle est fermée deux à trois jours par semaine. Julian, même s'il est parfois un peu lent et borné, reste renommé dans tout Foix pour ses talents d'herboriste et son sérieux. Il évite de perdre son temps avec philtres d'amour et autres élixirs du même tonneau.
- Le Tonneau Bleu, situé sur une place proche de la cathédrale, est une auberge agréable, tenue par une couple, le sympathique mais paresseux Etienne et sa femme, Frédégonde. La soeur d'Etienne étant mariée à un servant de la Crête des Brumes, les habitants de cette Alliance ne paient que 7 deniers pour le dîner, le petit déjeuner et une chambre, le tout pour quatre personne, à la place des 9 réclamés aux autres clients. De plus, ceux qui ne prennent pas de chambre couchent par terre dans le dortoir sans débourser le demi-denier d'usage. La nourriture est relativement copieuse et les chambres pourvues de larges lits pouvant recevoir jusqu'à huit personnes, quand on s'y serre bien.
- Le Nid d'Aigle est une taverne, sise non loin du Tonneau Bleu, où les servants de la Crête des Brumes aimaient à passer du bon temps. Les bagarres y sont monnaie courante, le vin bon marché et la compagnie attrayante.
- Sur cette même place se produit souvent Jehan, un ménestrel prétentieux aux oeuvres typiquement languedociennes, très éloquentes. Il y régale son auditoire de balades plus ou moins ironiques relatives à la chevalerie et à l'amour courtois.
- Un groupe de comédiens, moins talentueux mais plus professionnels, hante également les abords de l'auberge. Cette troupe, dirigée par un nommé Balnalio, compte plusieurs acrobates. Elle joue le plus souvent des farces truculentes, où on se moque beaucoup des gardes de la ville, à cause de leur cruauté. Ils donnent de temps à autre une pièce plus sérieuse. Lors des fêtes de Pâques, ils s'installent devant la cathédrale pour représenter quelques histoires tirées de la Bible.
- Un parfait, Thibaud, prêche parfois devant le Tonneau Bleu, sans se soucier du mécontentement des comédiens ou du ménestrel. Il délivre ses sermons enflammés du haut d'un tas de caisses, devant une foule intéressée. Son message est fort simple : il est évident que le monde est mauvais, plein de douleur, de brutalité et de méchanceté ; ceux qui cherchent le salut doivent renoncer à cet univers matériel, sur lequel règne Satan, pour se rapprocher du royaume spirituel de Dieu. Quand on l'interroge sur les plaies et bosses bien visibles qui ornent souvent son crâne, il explique qu'il a été - une fois de plus - battu par les gardes. Son socius et lui logent souvent au Tonneau Bleu.
- On voit aussi régulièrement sur la place un marchand ambulant, Marcelli, qui vend d'"authentiques" reliques : des os de saint ou "des morceaux de la Vraie Croix, je le jure sur l'honneur de ma mère!". Le soir venu, il vend surtout des philtres d'amour, à l'efficacité garantie si l'acheteur a "l'âme pure d'un petit enfant".

Le château d'Uverre

Il se dresse au nord du Vreis, sur le route de Foix. C'est une place forte imposante, aux hautes murailles épaisses, capable de tenir une armée en échec pendant des années. Quand bien même les assaillants parviendraient à pratiquer une brèche dans l'enceinte extérieure, leurs adversaires pourraient se réfugier dans le donjon et continuer à y résister.
Le baron d'Uverre peut en outre, en cas de besoin, compter sur 14 chevaliers, dont il est le suzerain et qui lui doivent 60 jours de service armé par an, et leurs troupes (environ 150 hommes). En temps normal, son château abrite seulement une vingtaine de gardes et 7 chevaliers sans terres. Rien ne semble de taille à le vaincre.
Les visiteurs qui n'ont pas la confiance du maître de céans se voient attribuer une escorte et n'ont pas la possibilité d'explorer les recoins de la forteresse. Même parmi les amis de Luc d'Uverre, rares sont sont qui peuvent se vanter de la connaître parfaitement. Le baron est aussi prudent que secret.

L'intendant du château, Roano, gère le train de maison et les finances de son maître.

Pierre, un vieux compagnon d'armes qui sert d'Uverre depuis bientôt 20 ans, est la capitaine des chevaliers du château. Une longue cicatrice court de son oreille gauche jusqu'à sa bouche. Cet homme bourru et simple est l'une des rares personnes à qui d'Uverre fasse confiance. Ils jouent aux échecs presque toutes les nuits et il leur arrive aussi de chasser au faucon, l'après-midi.

Brian, l'écuyer de Pierre, est le fils unique du seigneur Guifré, vassal du baron.

Le manoir des Guifré

A une lieue de Javielle se dresse le manoir du seigneur Guifré, une grande maison de pierre entourée d'une palissade et de constructions plus petites. LA famille Guifré contrôle les villages environnants depuis plusieurs générations, ce dont son représentant actuel est très fier. Bien qu'il soit en théorie vassal du baron d'Uverre, il ne lui doit que le service armé habituel, et d'Uverre n'a pratiquement aucun droit de regard sur ses terres : Guifré est, de fait, quasiment indépendant.
Le manoir proprement dit est une bâtisse à un étage, dont la seule entrée ouvre au sommet d'un escalier étroit menant au niveau supérieur et donne directement dans la grand-salle. Le reste de l'étage est occupé par la chambre du maître des lieux. Le rez-de-chaussé obscur (il n'a ni porte ni fenêtre) se compose des cuisines et réserves. La plupart des habitants du manoir (y compris une douzaine d'hommes d'armes, quelques chevaux et une meute bruyante de chiens de chasse) vivent dans les cabanes dispersées à travers la cour. Guifré loue aussi, occasionnellement, les services de certains villageois, afin de leur confier des tâches particulières : la réfection de la palissade, par exemple. Les bourgades alentours abritent en outre sept tenanciers, qui lui paient la location de leur terre en service armé plutôt qu'en argent. La plupart font partie de ses vieux amis et passent leur temps à chasser avec lui.
A l'extérieur de l'enceinte de bois se dressent plusieurs cahutes qui composent en fait une maison cathare, fondée par Guifré et dirigée par une parfaite - une veuve chenue nommée Elisa. Deux autres Bonnes Chrétiennes, d'une âge moins avancé, y vivent également, ainsi que Mathieu, un jeune homme qui s'efforce de passer une année sans pêcher avant de décider s'il est ou non capable de devenir un Bon Homme.

Javielle

La bourgade de Javielle, qui compte près de 300 habitants, se trouve à une lieue environ du manoir des Guifré. La tour de Lux ex Tenebris est bien visible depuis le village, où les Mages alimentent en permanence des commérages légèrement craintifs.
Le trajet entre ces deux points est cependant long, puisqu'il faut passer par le gué situé une lieue plus au sud. Les paysans voient leurs curieux voisins juste assez souvent pour ne pas les considérer comme des étrangers ou une réelle menace.
Le village est administré par une femme (ce qui est pour le moins inhabituel), Joachima, au nez en bec d'aigle et à l'air revêche. Elle veille à ce que ses concitoyens remplissent leurs obligations envers leur seigneur et à ce que la foire se déroule sans anicroches. Il lui arrive d'exercer cruellement son autorité sur ceux qui la contredisent ou n'ont pas l'heur de lui plaire, et elle est très fière et jalouse de son statut.
A moins d'une lieue au nord de Javielle, une croix de pierre se dresse au bord de la route. Elle marque l'endroit où sainte Fabia a opéré la guérison miraculeuse du grand-père de l'actuel baron d'Uverre, mortellement blessé. La plupart des gens de la région qui passent par ici y font une pause, le temps d'adresser une courte prière à Fabia. Il existe un second calvaire sur les pentes du mont Tierné.

La foire
Une grande foire se tient à Javielle au début de chaque mois. On y voit surtout des paysans, qui viennent des villages alentours (parfois d'aussi loin que Charnat ou Alopoc) vendre leurs produits et faire des achats, mais aussi saluer leurs amis et connaissances. La plupart considèrent cela comme un long voyage (de fait, ils n'en feront sans doute jamais de plus long), et l'air retentit de bavardages excités où il est surtout question de récoltes, de bétail et de vignes.
Il est rare, aujourd'hui, que les gens du cru demandent aux "astrologues" de leur dire la bonne aventure ou d'expliquer l'inconduite de leurs enfants, mais cela ne fut pas toujours le cas.

Cugat, l'un des tenanciers de Guifré, vit à Javielle. Il jouit de vastes terres, d'un mariage heureux et de deux beaux enfants - des fils. On le voit souvent à la foire, examinant de près tous les étals. Il vend quant à lui le surplus de ses récoltes à Lux ex Tenebris, et c'est peut-être l'homme le plus riche du village. Il est plutôt hautain et suffisant.

La foire attire également des jongleurs, conteurs et autres ménestrels, auxquels certains paysans de la région font concurrence en essayant de récolter quelques pièces grâce à leurs maladroites exhibitions. Pep, l'idiot du village, permet quant à lui à tout un chacun de s'amuser à peu de frais.